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COVID-19: approche systémique (3)

Dernière mise à jour : 24 févr. 2021

Résultats des travaux de cours relatifs à l’approche systémique appliquée à la crise COVID-19, dans le cadre du

Séminaire de recherche « Gestion de projets socio-techniques complexes »;

Master en Politique et Management Publics, 23-25 novembre 2020, UNIL/IDHEAP

Arbër Beqa, Lucas Romy, Dr Philippe Vallat


Nous publions ici une série d'articles tirés d'une publication en cours de rédaction.


1 Cadre général

2 Introduction théorique

3 Thème 1 : Crise sanitaire

4 Thème 2 : Vaccination

5 Thème 3 : Société post-covid

6 Thème 4 : Confiance dans les autorités

7 Thème 5 : Indicateurs

8 Synthèse et conclusions

9 Méta-discussion

10 Littérature complémentaire


3 Thème 1 : Crise sanitaire

3.1 Faits

La pandémie du coronavirus a d’abord touché la Chine en décembre 2019 avant de se répandre mondialement et notamment en Suisse. Ce virus a pris de court l’ensemble des gouvernements par sa virulence, mais aussi par l’impréparation face aux réponses à donner (politiques publiques) contre cette maladie[1].

L’une des réponses apportées par le gouvernement chinois, et ce afin d’endiguer la propagation du virus, fut de confiner sa population durant plusieurs mois ainsi que de fermer les frontières. Dès l’arrivée du virus en Europe, certains pays européens ont décidé de laisser leurs économies et leurs populations vivre avec ce virus tandis que d’autres ont décidé de suivre l’exemple de la Chine et de chercher à contenir le virus[2]. Par exemple, la Suède a choisi de ne pas mettre en place de mesures restrictives et de laisser le virus se propager au sein de la population. Cette stratégie a pour finalité d’immuniser la population grâce à la création d’anticorps[3]. En revanche, la Suisse comme la France ont choisi de confiner toute la population à différents degrés[4].


La question que nous avons dès lors posée est la suivante : la crise sanitaire actuelle comporte-t-elle les prémisses d’une crise sociétale plus large ?


3.2 Postulats

A partir des faits présentés ci-dessus, et de l’analyse de ce que l’on sait et ne sait pas, nous avons dans un premier temps rédigé six postulats liés à la crise sanitaire :

1. La crise n’est pas exclusivement une crise sanitaire

2. Cette crise a aussi un impact socio-économique

3. Le but recherché par les autorités dans la mise en place de mesures sanitaires est d’éviter la mort d’un grand nombre d’individus et une surcharge du système de santé

4. Aspects positifs aux mesures prises par la Confédération

5. Les mesures décidées impliquent plusieurs conséquences négatives

6. L’effet de ces mesures pour atteindre les buts des autorités est questionnable.


3.3 Description du problème

Nous avons en premier lieu une crise sanitaire due au SARS-Cov2 qui se propage de plus en plus en Suisse et qui engorge les hôpitaux. Cette crise devient aussi économique puisqu’il y a des gens qui se trouvent en difficulté financière suite à la fermeture de divers commerces et entreprises, ce qui aggrave cette crise[5]. Elle est donc multifactorielle.


Nous avons choisi comme variable centrale du système le « risque de crise sociétale » (var20). Nous avons identifié en tout vingt variables qui nous paraissent contributrices du système :

Tableau 2: Crise sanitaire: description des variables


3.4 Modèle qualitatif

Cette partie du travail vise à mettre en relation les variables ci-dessus et à qualifier ces interactions.

Figure 12: Crise sanitaire : modèle simple


En observant les interactions, à ce stade apparaissent deux hypothèses :

  • Le système semble avoir tendance à basculer vers la crise sociétale ;

  • Il semble manquer de boucle de régulation (feedback négatif) qui permettrait de réduire ce risque.


La seconde modélisation, avec la matrice d’interactions de Vester, donne le résultat suivant :

Figure 13: Crise sanitaire : matrice d'interactions de Vester


L’analyse des variables à travers le graphique conduit à l’interprétation suivante.


La propagation du Covid-19 (var1), le contrôle social et étatique (var2), la polarisation et le débat social (var5), les mesures de limitation de la propagation (var6) sont peu connectées et actives. Elles apparaissent comme de possibles solutions à long terme, avec des effets secondaires transparents et limitées. Ce type de variables est rarement activable de l’intérieur du système et elles nécessitent une intervention externe, pour autant que cela soit possible.


Les faillites et secteurs économiques en difficulté (var15) apparaissent comme une variable peu active et moyennement connectée. Elle contribue, à moyen terme, à ce que le système tende vers une crise sociétale.


Un autre groupe de variable semblent être neutres et stables et apparaissent comme étant insuffisamment indifférenciées pour jouer, selon ce modèle, un rôle dans le risque de crise sociétale : il s’agit de la modification du rythme de vie (var3), la clarté dans la communication des autorités (var8), la modification du revenu (var9), la coordination entre les cantons (var10), l’augmentation des inégalités (var11), la confiance dans les institutions politiques (var13 ; voir le travail d’un autre groupe sur cette variable), la hausse de la mortalité (var17), la hausse des hospitalisations (var18), les ressources humaines et sanitaires (var19).


Le sentiment de lassitude, de frustration et le stress (var12) est passive et fortement connectée. Elle absorbe l’énergie du système : elle est fortement influencée dans le système, mais ne transmet pas cette influence plus loin dans le système (effet tampon). Les changements dans le système se voient bien dans ces variables, qui peuvent servir d’indicateurs. Par contre, il n’est pas utile de vouloir modifier ces variables (lutte contre un symptôme).


L’omniprésence dans les médias de la pandémie (var7), la dégradation de la santé physique et mentale (var16) sont passives et faiblement connectées : elles constituent des indicateurs à long terme. Les indicateurs à moyen terme sont la dette publique (var4), la manifestation de désobéissance civile (var14). Ces deux formes d’indicateurs peuvent être définies comme des variables avec une certaine dépendance aux autres et avec peu d’impact sur le système. Une modification de ces variables n’a que peu d’effet, souvent retardé : elles demeurent stables dans le système en dépit des changements. Il n’apparaît donc pas utile de vouloir les modifier de l’extérieur.


3.5 Conclusion intermédiaire

Bien que les variables et leurs interactions soient encore imparfaitement définies, cette deuxième analyse met en évidence qu’il semble exister des leviers permettant de réduire le risque que la crise bascule vers une crise sociétale plus grande. Une variable qui apparaît intéressante, et encore peu activée jusqu’à maintenant, est la question du débat social et de la participation de la population (var5) à l’élaboration des politiques publiques.


[1] Galeazzi J. (2020), Grand Format Covid-19, Le Temps, www.rts.ch/info/monde/11407493-de-la-chine-a-la-suisse-six-mois-de-vieavec-le-virus.html, consulté le 19.12.2020 [2] Galland – Beaune N. (2020), Covid-19 : Chronologie de la pandémie en Europe, Comprendre l’Europe, toute l’Europe. www.touteleurope.eu/actualite/covid-19-chronologie-de-la-pandemie-eneurope.html, consulté le 19.12.2020 [3] (Pi, 2020). A compléter [4] (Galland – Beaune N. (2020), Covid-19 : Chronologie de la pandémie en Europe, Comprendre l’Europe, toute l’Europe. www.touteleurope.eu/actualite/covid-19-chronologie-de-la-pandemie-eneurope.html, consulté le 19.12.2020 [5] Heuclin M. (2020), COVID-19: ce que coûte à l’état la crise sanitaire et économique URL : (https://www.latribune.fr/economie/france/covid-19-ce-que-coute-a-l-etat-la-crise-sanitaire-et-economique-861516.html), consulté le 5.1.2020)

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